Les étudiants de la 4e année de spécialisation en psychiatrie et santé mentale ont organisé le 4 juin dernier un colloque sur le thème « Regards croisés sur la folie ».

Ils ont, entre autres, invité une radio locale roubaisienne animée par des patients et des infirmiers en psychiatrie : « Les Z’entonnoirs ».

Née en 2005, elle s’inspire de « Colifata », une radio créée en 1991 avec le soutien de Manu Chao et qui émet depuis un hôpital psychiatrique de Buenos Aires.

Cadre de santé à l’Hôpital Lucien Bonnafé à Roubaix, c’est Erika Schröder qui est à l’origine de l’aventure : « On me prenait un peu pour la folle de l’hôpital. Tout est parti d’une radio éphémère installée pour l’ouverture de la « Condition publique », un lieu qui regroupe toute une série d’associations. Des patients avaient été associés à l’émission. La radio est restée un mois. L’aventure ne pouvait pas en rester là ».

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Quelques étudiants de 4e Psy

 

C’est à partir de ce moment-là qu’il a fallu convaincre. Convaincre les responsables de l’hôpital. Convaincre les sponsors. Convaincre l’ensemble des partenaires : « Imaginez un peu ! Une radio faite par des malades mentaux ! ».

Mais rien n’arrête Erika Schröder et l’équipe de patients qu’elle a formée autour d’elle. Des patients atteints de psychose. Des hommes et des femmes suivis en ambulatoire par l’Etablissement public de santé mentale (EPSM) de l’agglomération lilloise. La radio est une première nationale. Au point que cette formidable aventure permet à Erika de recevoir – ni plus ni moins – le titre de Chevalier des Arts et des Lettres de la main même de Frédéric Mitterand, alors Ministre de la Culture : « Ils la voulaient, cette interview du ministre. Cela n’a pas été facile mais ce fut un moment très fort ».

Lors de la soirée, les participants ont pu non seulement parler avec les initiateurs et les membres de l’équipe, mais ils ont pu également visionner le film de Marine Place sur la radio. Un film qui, par nature, déstigmatise, décloisonne : « On ne sait pas qui est qui, confie la réalisatrice, et c’est un vrai bonheur. Cela montre que la frontière entre la normalité et le handicap est une construction ». Et elle ajoute : « Les médias entourent les gens qui souffrent de maladies mentales de beaucoup de peurs. Cette radio leur permet d’être dans la communication. Elle leur redonne une place de citoyen, c’est aussi l’objectif du film ».

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Quelques membres des Z’entonnoirs interviewés par des étudiants de 4e Psy

A sa manière, à son échelle, ce colloque a permis de lutter contre l’enfermement, contre les certitudes, contre les dogmes, contre les cloisonnements, contre les distinctions entre ce qui paraît normal et ce qui ne l’est pas…

jld

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