Au 18e siècle, la majorité des jeunes apprenaient un métier par l’apprentissage. Seul quelques-uns continuaient des études, principalement à l’Université. Celles-ci étaient proches de l’Eglise et nanties de privilèges. C’est dans ce contexte que naquit, en France,  l’idée de créer des écoles spéciales pour former des « techniciens » et des cadres techniques et militaires.

A Bruxelles, l’Ecole Professionnelle des Métiers est créée en 1904.

A Mons, c’est dans la salle du patronage Saint-Charles, que l’école d’Arts et Métiers Saint-Luc a commencé ses cours le 6 janvier 1908 avec 3 élèves !

Pourquoi les « Arts et Métiers » ? Parce que l’enseignement catholique soutient que la technique doit permettre à l’homme de s’épanouir en produisant des œuvres d’art ; contrairement à un enseignement public qui prône l’apprentissage pour produire plus et moins cher.

En 1912, à l’école Saint-Luc, ils sont 132 élèves répartis comme suit:

  • 40 élèves aux cours du matin (fréquentés par les jeunes gens de familles aisées, fils de patrons ou d’amateurs d’art ; minerval : 100 fr par an) ;
  • 69 élèves aux cours du soir (suivis par les artisans et employés que leur travail retient tout le jour ; droit de fréquentation : 5 fr par an) ;
  • 23 élèves aux cours du dimanche (établis pour les jeunes gens des campagnes pour qui un déplacement quotidien est impossible ; droit de fréquentation : 3 fr par an).

Inscription à partir de 13 ans ; des médailles sont décernées en 6e et en 7e année et un « grand prix » est décerné en 8e année.

En 1928, on crée le Conseil Supérieur de l’Enseignement Technique qui doit, entre autres, s’intéresser à la formation d’ingénieur hors Université. Un an plus tard, ce conseil, dans un communiqué, affirme la nécessité « d’une catégorie spéciale d’ingénieurs, les ingénieurs de fabrication, que l’Université ne forme pas en Belgique et ne pourra jamais former. En effet celle-ci veut garder et accentuer son souci de faire prédominer dans son enseignement le but scientifique sur celui de la préparation professionnelle ».

En 1929, l’école Saint-Luc ouvre, au niveau de l’enseignement supérieur, les sections chimie, électromécanique et architecture.

En 1933, l’Arrêté Royal du 5 juillet crée le grade et le diplôme officiel d’ingénieur technicien.

Les études d’ingénieur civil sont dès lors organisées en 5 ans, celles d’ingénieur technicien en 3 ans ou en 4 ans. Marquer la différence s’impose.

Dès la fin des années 1960, le premier ministre Paul Vanden Boeynants installe un groupe de travail qui doit étudier la restructuration de l’enseignement supérieur.

En 1970, une loi organise l’enseignement supérieur sous trois formes :

  • l’enseignement universitaire dispensé dans les facultés universitaires ;
  • l’enseignement supérieur de type long et de niveau universitaire organisé en deux cycles comprenant chacun deux années d’études au moins ;
  • l’enseignement de type court organisé en un cycle de trois années au moins.

Dès le 12 mars 1970, un projet de loi prévoyait la création des Instituts Supérieurs Industriels et du grade et du diplôme d’Ingénieur Industriel de niveau universitaire.

Celui-ci pouvait être acquis après un second cycle de deux ans. Mais le chemin est parfois long du projet à la loi ! Il y avait pléthore d’institutions qui auraient pu prétendre décerner le diplôme d’ingénieur industriel. Une sérieuse optimalisation s’imposait !

Le projet prévoyait 2 cycles de 2 ans minimum. On proposa donc un cursus « homogène » en 2+2.

Mais on était loin d’un accord sur cette organisation. Certains préconisaient la voie des « finalités successives » : un premier cycle de trois ans sanctionné par un premier diplôme professionnel (ingénieur technicien ?) et un second cycle de deux ans ouvert aux diplômés du premier cycle pour obtenir le grade d’ingénieur industriel.

C’est la loi du 18 février 1977 qui crée enfin le grade et le titre d’ingénieur industriel dans l’enseignement supérieur de type long et de niveau universitaire.

Mais au-delà du titre, c’est la façon de travailler qui va changer. Un seul Institut Supérieur Industriel pour le réseau libre en Hainaut. Deux implantations : Mons et Charleroi.

En 1984, le CERISIC, le Centre d’Etudes et de Recherches voit le jour. Pour toute information complémentaire : http://www.cerisic.be.

Début des années 1990, la formation continuée et les projets de recherche deviennent monnaie courante.

En 1986, encore une réorganisation des finalités avec la fermeture de la section construction.

Et, en 1995, encore un peu de changement ! C’est la création des Hautes Ecoles qui est  parfois accueillie avec méfiance. En effet, le type long se sent minoritaire dans une institution où les types courts sont de loin plus nombreux. N’aurait-il pas dû préférer se rattacher aux Universités ? Les types courts, de leur coté, craignent le type long qui aurait « le gros cou ». Ne viendront-ils pas revendiquer au nom d’une soi-disant supériorité ?

En 2004, nouvelle révolution ! C’est le fameux décret de Bologne qui, en Communauté Française, consacre la formation d’ingénieur industriel en deux cycles (3 années de bachelier et 2 années de master) avec, enfin, deux stages significatifs, l’un de 6 semaines, l’autre de 13 semaines, organisés durant l’année académique.

2007 voit la première année de master commencer et l’on doit attendre juin 2009 pour diplômer les premiers « Master en Sciences de l’ingénieur industriel ».

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