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Damienne Flipo a toujours été interpellée par le peuple tsigane. Petite, habitant à la Chaussée de Lille, à Tournai, face à la Plaine des Manoeuvres, elle voyait ces hommes et ces femmes du voyage. Elle les voyait, elle les guettait, ces femmes, avec leurs longues jupes, leurs bijoux dorés, leurs longs cheveux noirs qui venaient quémander de l’eau avec leurs jerricans. Très vite, elle s’est identifiée à elles.

Etudiante en Communication visuelle à l’Institut Saint-Luc de Ramegnies-Chin, Damienne Flipo apprivoise la photo, ce « passe-partout qui permet de rencontrer des gens ». A Saint-Luc, des professeurs vont confirmer sa vocation : Daniel Brunemer, pour l’esthétique, Michel Van Eeckhout, pour le reportage. Elle côtoie aussi Charles Prayez, Eric Gaspardo, voire l’humble mais combien talentueux auteur de Martine, Marcel Marlier.

Diplômée, Damienne Flipo poursuit sa quête, rivée à son enfance. Elle « entre » dans le peuple rom. Mais comment ? « Sur la pointe des pieds », me répond immédiatement mon interlocutrice. « Il faut d’abord les aimer. Et puis, à chacune de mes visites, je leur rapportais des photos. Je crois qu’il doit y avoir des boîtes de photos qui traînent dans toute l’Europe… Oui, au départ, c’est une relation de confiance, de partage, de respect. Ceux qui mendient ont d’abord besoin d’un regard, bien avant d’argent ».

Pour elle, ce qui caractérise le peuple Rom est la terreur : « C’est un peuple terrorisé. L’enfant naît, vit avec cette peur. Et moi, face à cela, face à cette injustice, à ces discriminations, je me révolte. Parce qu’il y a urgence. Parce qu’on ne peut pas être indifférent. On se sent tellement impuissant. Mais il faut que les choses bougent. On ne doit pas l’attendre du politique. C’est à nous, aux jeunes d’aujourd’hui de le faire, petites gouttes d’eau par petites gouttes d’eau… « 

Auparavant, Damienne Flipo a photographié Marseille où elle partait seule, deux fois par an, en juin et en septembre. Pour la lumière. Pour la mosaïque de couleurs et de gens.  Là encore, dans la cité phocéenne, les Tsiganes sont bien présents. Avec les réfugiés, les taulards, les prostitués et les drogués…

Aujourd’hui, suite au décès de sa soeur, Marie-Diane, qui avait elle aussi une âme artistique (Marie-Diane était comédienne), Damienne a cessé de photographier l’humain. « Je vis désormais en moi l’émergence d’une autre photographe. On photographie les autres pour se trouver soi-même. Désormais, je photographie la nature et les arbres en particulier. Ils sont notre mémoire. Plus que centenaires, ils sont et ont été le témoin de nombreux événements qui se sont d’ailleurs imprimés en eux-mêmes… »

Un cheminement authentique pétri de révolte et de compassion.

L’expo « Roms » est visible jusqu’au 15 décembre au H.E. 1 3e étage (HELHa – ISSHA).

A ne rater sous aucun prétexte !

Jean-Luc Dubart

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